RD Congo

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Cette page offre une analyse exhaustive de la situation socio-économique de la République démocratique du Congo (RD Congo), abordant les multiples défis et opportunités qui jalonnent le pays jusqu'en 2043. Elle explore diverses voies de développement, mettant en lumière le potentiel de croissance économique conséquent tiré de ses abondantes ressources naturelles, tout en mettant en évidence les problèmes persistants de pauvreté, de gouvernance et d'infrastructure. Des scénarios variés évaluent les répercussions des améliorations dans des domaines clés tels que l'agriculture, l'éducation et l'industrie manufacturière sur les perspectives de développement du pays. L'objectif de cette analyse est de fournir aux décideurs des données cruciales pour orienter la RD Congo vers un avenir plus prospère.

Summary

Résumé

Nous commençons cette page par une présentation du contexte de la RD Congo en examinant la répartition et la structure actuelles de la population, le climat et la topographie.

  • La République démocratique du Congo est le plus grand pays d'Afrique subsaharienne en termes de superficie, le deuxième en Afrique et le onzième au monde. Le pays possède la deuxième plus grande forêt tropicale humide au monde, couvrant plus de 992 000 km. Elle est bien connue pour ses ressources minérales abondantes et diversifiées, ses vastes voies navigables, son vaste potentiel hydroélectrique et ses terres arables, estimées à 80 millions d’hectares. Cependant, en 2021, la République démocratique du Congo ne se classait qu'au 49e rang en termes de PIB par habitant (903,6 dollars en PPA) en Afrique. Il est classé parmi les pays à faible revenu.

Cette section est suivie d’une analyse des perspectives probables de développement humain et économique de la RD Congo jusqu’en 2043 sur sa trajectoire actuelle (scénario de base). Elle suppose une continuation des politiques actuelles et les conditions environnementales. Nous fournissons également un aperçu du plan de développement national.

  • La République démocratique du Congo a l'un des taux de croissance de la population les plus rapides en Afrique et dans le monde, avec une augmentation annuelle de la population de 3,3% en 2022. C'est le quatrième pays le plus peuplé d'Afrique et le 15e au monde.
  • L’économie du pays a connu une croissance de 8,9% en 2022, tirée par l’augmentation de la production minière et les prix mondiaux élevés des exportations de matières premières. La République démocratique du Congo est fortement dépendante des exportations de  matières premières, notamment du pétrole, du cuivre, du cobalt, de l'étain, du tungstène et du tantale.
  • Le PIB par habitant de la République démocratique du Congo devrait atteindre 2605 dollars américains en 2043, ce qui équivaut à 84,2% de la moyenne projetée pour les pays africains à faible revenu pour la même année.
  • En 2022, environ 73% de la population de la République démocratique du Congo (soit 71,8 millions de personnes) vivait dans une pauvreté extrême, avec moins de 2,15 dollars par jour. En conséquence, environ un quart des personnes vivant dans l’extrême pauvreté dans les pays à faible revenu en Afrique en 2022 vivaient en République démocratique du Congo.

La section suivante compare les progrès sur la voie actuelle (scénario de base) avec huit scénarios sectoriels. Les huit scénarios sectoriels sont : Démographie et santé; Agriculture; Education; l’Industrie Manufacturière/Industrialisation; la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf); Infrastructures; Les flux financiers exterieurs et la Gouvernance. Chaque scénario sectoriel modélise une aspiration ambitieuse mais raisonnable dans ce secteur.

  • Le secteur de la santé de la République démocratique du Congo a été fortement touché par le conflit prolongé que connaît le pays. Dans le scénario Démographie et Santé, la RD Congo entre dans une fenêtre d’opportunité démographique à partir de 2047, soit neuf ans plus tôt que la moyenne des pays à faible revenu d’Afrique.
  • La RD Congo possède plus de terres agricoles que tout autre pays africain, estimées à 80 millions d'hectares de terres arables disponibles. Cependant, seulement 10% de cette superficie est actuellement cultivée, ce qui fait que le pays possède le plus grand potentiel agricole inexploitée. Dans le scénario Agriculture, la production agricole en République démocratique du Congo augmentera de 36,2 millions de tonnes par rapport aux prévisions de la trajectoire actuelle (scénario de base) de 119.2 millions de tonnes en 2043.
  • L'instabilité politique et les conflits des années 1990 ont gravement affecté les résultats scolaires en République démocratique du Congo. Dans le scénario Éducation, la durée moyenne d’études augmentera à 9,1 ans , soit une augmentation d’environ 0.7 an par rapport aux prévisions de la trajectoire actuelle en 2043.
  • Le scénario Industrialisation/Industrie manufacturière réduira la proportion des Congolais vivant en dessous du seuil de pauvreté de 2,15 $US de 48,1 millions de personnes (selon les prévisions de la trajectoire actuelle) en 2043 à 35,7 millions de personnes. Il s’agit d’une réduction de 25,7% par rapport aux prévisions de la trajectoire actuelle.
  • Dans le scénario de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA), la balance commerciale de la RDC deviendra positive (excédentaire) à court et moyen terme entre 2029 et 2035, avec un excédent commercial de 1 milliard de dollars américains, soit 0,8% du PIB en 2043 tandis que sur la base de la trajectoire actuelle, le déficit commercial devrait atteindre 2,4% du PIB en 2035. L’excédent commercial proviendra du secteur extractif. En  2043, le pays aura un déficit commercial de 2,2 milliards de dollars (scénario), contre 13,3 milliards de dollars selon les prévisions de la trajectoire actuelle.
  • La RD Congo a un taux d’abonnement à internet mobile haut débit faible par rapport à la moyenne de ses pairs. En 2022, le pays comptait environ 26,2 abonnements pour 100 habitants, bien en dessous de la moyenne de 32,6 abonnements pour 100 habitants pour les pays africains à faible revenu. Dans le scénario Infrastructures, les abonnements à  internet mobile haut débit dans le pays augmenteront pour atteindre 125,7 abonnements pour 100 habitants en 2043, une hausse de 0.7% par rapport aux previsions sur la base de la trajectoire actuelle. 
  • Les conflits des années 1990 ont effectivement éloigné les investisseurs étrangers de la RD Congo. Dans le scénario des flux financiers, les flux d’IDE en 2043 représenteront environ 6.8% du PIB, contre 5,7% selon la projection sur la base de la trajectoire actuelle.
  • En 2022, l’indice d’efficacité de la gouvernance de la RD Congo était inférieur de 28,5% à la moyenne des pays africains à faible revenu. Dans le scénario de gouvernance, l’écart se réduira à 8,2% par rapport à la moyenne estimée de ses pairs africains à faible revenu en 2043.

La troisième section compare l’impact de chacun des huit scénarios sectoriels entre eux et avec un scénario combiné Agenda 2063 (l’effet total des huit scénarios). Les progrès sont mesurés sur diverses dimensions telles que la taille de l’économie (PIB au taux de change du marché), le PIB par habitant (en parité de pouvoir d'achat, PPA), l'extrême pauvreté, les émissions de carbone, les changements dans la structure de l'économie et d’autres dimensions sectorielles telles que les progrès en termes d’années moyennes d’éducation, l’espérance de vie, le coefficient de Gini (l’inégalité des revenues) ou la réduction des taux de mortalité.

  • En 2022, le PIB par habitant de la République démocratique du Congo (en parité de pouvoir d’achat, PPA) était de de 1 133 dollars américains, inférieur de 39% à la moyenne des pays africains à faible revenu. Parmi les interventions sectorielles, le scénario Industrie manufacturière aura l'impact positif le plus significatif sur le PIB par habitant, suivi des scénarios Gouvernance et ZLECA. Cependant, à court et moyen terme (2026-2035), le scénario Agriculture aura le plus grand impact sur le PIB par habitant.
  • Le scénario combiné Agenda 2063 qui combine tous les scénarios sectoriels augmentera le PIB par habitant du pays de 61.2% (1 593 $US) par rapport à  la prevision sur la base de la trajectoire actuelle (scénario de base) de 2 605 $US en 2043.
  • L'extrême pauvreté en RD Congo est très élevée, avec une réactivité limitée à la croissance economique. En 2022, 71,8 millions de Congolais (72,3% de la population) vivaient en dessous du seuil de pauvreté de 2,15 $US. A court terme, le scenario Agriculture a le plus grand impact sur la reduction de la pauvreté. Dans le scénario combiné Agenda 2063, le taux de  pauvreté en République démocratique du Congo diminue à 6,6%, soit 11,2 millions de personnes comparé à 26.1% (48.1 million de personnes) sur la trajectoire actuelle en 2043. 
  • Le PIB de la République démocratique du Congo augmentera considérablement, passant de 49,4 milliards de dollars américains en 2022 à 259,8 milliards de dollars américains en 2043 dans le scénario de base (trajectoire actuelle) tandis que le PIB atteindrait 449 milliards de dollars américains dans le scénario combiné Agenda 2063 en 2043.
  • Dans le scénario combiné Agenda 2063, les secteurs des services, le secteur extractif et le secteur manufacturier domineront l’économie de la RD Congo en 2043. Le secteur des services contribuera à hauteur de 32,7% au PIB, tandis que le secteur minier et l'industrie manufacturière contribueront respectivement à hauteur de 30% et 25,3%.
  • En 2022, la taille du secteur informel de la RD Congo répresentait environ 41,8% du PIB. L’ampleur du secteur informel constitue une contrainte importante à la croissance économique. D’ici 2043, la taille du secteur informel du pays passerait à 33% du PIB selon les prévisons sur la base de la trajectoire actuelle et à 23,5% selon le scénario combiné Agenda 2063.
  • L'espérance de vie à la naissance du Congolais moyen en 2022 était de 62,5 ans, les femmes ayant une espérance de vie de 2,4 ans plus élevée que les hommes. Sur la base de la trajectoire actuelle, l’espérance de vie moyenne en RD Congo augmentera à 68,1 ans en 2043, l’espérance de vie des femmes étant de 3 ans supérieure à celle des hommes. L'espérance de vie en RD Congo augmentera à 69,7 ans dans le scénario combiné Agenda 2063 en 2043.

Nous terminons cette page par une conclusion récapitulative ainsi que  des recommandations clés pour la prise de décision.

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Graphique 1: Carte politique de la RD Congo
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RD Congo: Introduction et contexte historique

Graphique 1: Carte politique de la RD Congo
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Le graphique 1 est une carte politique de la RD Congo.

La République démocratique du Congo (RD Congo) (également connue sous le nom de Congo-Kinshasa et anciennement Zaïre) est située en Afrique centrale. Le pays est bordé au nord par la République centrafricaine et le Soudan du Sud, à l'est par l'Ouganda, le Rwanda, le Burundi et la Tanzanie, au sud-est par la Zambie et au sud-ouest par l'Angola. À l’ouest se trouvent la courte côte atlantique de la République démocratique du Congo, l’enclave angolaise de Cabinda et le Congo (Brazzaville). Kinshasa est la plus grande ville  et la capitale de la RD Congo.

La RD Congo est le plus grand pays d'Afrique subsaharienne en termes de superficie, le deuxième en Afrique et le 11ème au monde. Sa superficie terrestre couvre environ 2 344 858 km² ,     une superficie approximativement de la taille de l’Europe occidentale. Le pays possède la deuxième plus grande forêt tropicale humide (après le Brésil), couvrant plus de 992 000 km².

La RD Congo est bien connue pour ses ressources minérales abondantes et diversifiées , ses vastes voies navigables, son vaste potentiel hydroélectrique et ses terres arables, estimées à 80 millions d'hectares. Le pays possède environ 50 % des réserves mondiales de cobalt, 25 % des réserves mondiales de diamants et d'importantes réserves de coltan.

Malgré ces ressources naturelles abondantes, le pays reste l’un des plus pauvres et des moins développés d’Afrique et du monde. La plupart des habitants de la RD Congo n’ont pas bénéficié de cette richesse.

Depuis son indépendance en 1960, la RD Congo a connu des bouleversements sociaux et politiques : conflits, instabilité politique, régime autoritaire et mauvaise gouvernance ont entravé les progrès du développement et conduit à la crise humanitaire actuelle dans l'est du pays.

L’armée s’est mutinée une semaine après l’indépendance et les provinces du Kasaï et du Katanga, respectivement riches en diamant et en cuivre, ont tenté de faire sécession dans les semaines suivantes[1World Bank, Democratic Republic of Congo, Systematic Country Diagnostic, Report No. 112733-ZR, 2018.]. Finalement, les forces des Nations unies et du gouvernement congolais ont réussi à reconquérir le Kasaï (en décembre 1961) et le Katanga (en janvier 1963).

La première République, entre 1960 et 1965, a été marquée par des conflits armés qui ont coûté la vie à près de deux millions de Congolais et se sont terminés par un coup d’État militaire dirigé par le colonel JosephDésiré Mobutu le 24 novembre 1965. Mobutu s’est déclaré président pour cinq ans et a été élu comme tel mais sans opposition en 1970[2World Bank, Democratic Republic of Congo, Systematic Country Diagnostic, Report No. 112733-ZR, 2018.].

Parmi de nombreuses mesures, Mobutu a annulé l’imposition d’un État fédéral tel que prévu par la Constitution de Luluabourg de 1964 en réduisant le nombre de provinces de 21  à neuf avec une autonomie limitée. Malgré les efforts visant à une plus grande autonomie régionale, notamment les réformes de décentralisation administrative de 1982, celles-ci n'ont jamais été mises en œuvre. Mobutu a finalement été contraint de quitter le pouvoir en 1997 après avoir mal géré son pays pendant plus de trois décennies[3DP Zongwe, Decentralization in the Democratic Republic of the Congo, Autonomy Arrangements in the World, March 2019, 9, DOI: 10.13140/RG.2.2.20028.08321].

Les efforts de réforme économique déployés sur la base des prix élevés du cuivre ont connu une brève période d’expansion économique entre 1967 et 1973, qui s’est brutalement terminée avec les deux crises pétrolières (1973 et 1979) et la chute du prix du cuivre (1975). L’impact de la crise pétrolière de 1973 a été aggravé par l’introduction de la politique de zaïrianisation de Mobutu en 1973 (une forme d’indigénisation de l’économie) qui a été suivie par la politique de radicalisation qui a vu un accroissement du rôle de l’État dans l’économie.

Ces politiques, associées à une mauvaise gestion des finances publiques et à une corruption flagrante, ont entraîné, entre autres, une hyperinflation, une dette croissante, une fuite des capitaux, une pauvreté accrue et une faible production agricole[4DR Congo, Agence nationale pour la promotion des investissements, 2020.]. En 1975, le pays ne pouvait plus assurer le service de sa dette et a demandé l’aide du FMI pour le sortir de sa crise économique.

De 1983 à 1989, la RD Congo  s’est associée au FMI et à la Banque mondiale dans un programme d’ajustement structurel qui a contribué à la reprise économique. Cependant, avec le retour d’un environnement extérieur plus favorable, le gouvernement a cessé ses efforts de réforme des politiques et de la gouvernance pour connaître à nouveau une détérioration marquée de ses performances financières[5B Akitoby and M Cinyabuguma, Sources of Growth in the Democratic Republic of the Congo: A Cointegration Approach, IMF Working Paper WP/04/114, July 2004, 5–7.



].

La fin de la guerre froide en 1989 a effectivement privé la RDC de son importance stratégique et a coïncidé avec une transition politique interminable, une hyperinflation, une dépréciation de la monnaie et l’utilisation croissante du dollar américain dans l’économie. La faiblesse de l’État et l’impact du génocide rwandais de 1994, qui a vu quelque 1,2 million de Hutus rwandais fuir vers l’est du pays, ont préparé le terrain pour le début de la guerre de 1996-1997.

En 1996, la RD Congo était confrontée à une crise alors que le soutien international apporté à Mobutu avait presque complètement disparu. Les efforts successifs du FMI et de la Banque mondiale pour la soutenir avaient également échoué.

En mai 1997, Mobutu a été chassé du pouvoir par l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo (AFDL), une coalition de groupes rebelles soutenue par le Rwanda et l’Ouganda. Laurent-Désiré Kabila s’est proclamé président et a changé le nom du pays de Zaïre à République démocratique du Congo. Héritant d’un pays dysfonctionnel, il a tenté de mener des réformes économiques et financières limitées, notamment une réforme monétaire qui instituait une nouvelle monnaie, le franc congolais. Il a également réduit les entités décentralisées à quatre provinces.

Cependant, ses mésententes avec ses anciens partisans ont conduit à une seconde guerre – souvent appelée la Grande Guerre africaine ou la Guerre mondiale africaine – en août 1998, qui a impliqué plusieurs États voisins. Le conflit a finalement pris fin avec la signature de l’Accord de cessez-le-feu de Lusaka en juillet 1999 entre la RDC, l’Angola, la Namibie, le Rwanda, l’Ouganda et le Zimbabwe et de la création de la Mission de l’Organisation des Nations unies en République démocratique du Congo (MONUC).

Le mandat initial de la MONUC était d’observer le cessezle-feu et le désengagement des forces armées étatiques et non étatiques, mais son mandat a été considérablement élargi au fil du temps. Selon certaines études, la guerre a coûté la vie à des millions de personnes, dont de nombreux enfants de moins de cinq ans[6G Prunier, Africa's World War: Congo, the Rwandan Genocide, and the Making of a Continental Catastrophe, Oxford: Oxford University Press, 2009.].

En 2001, le Président Laurent-Désiré Kabila a été assassiné et son fils, Joseph Kabila Kabange, lui a succédé. Le résultat a été un réengagement avec la communauté internationale, permettant à la MONUC de se déployer dans tout le pays. En 2002, les pourparlers entre les acteurs congolais ont abouti à la signature d’un accord de paix, à savoir l’Accord Global et Inclusif. Cet accord a ouvert la voie à la Constitution de 2003, trois années de transition, et la tenue des premières élections libres et équitables dans le pays en 2006, que Joseph Kabila a remportées.

L’Accord et la Constitution de la transition ont chargé le Sénat de rédiger la nouvelle Constitution qui a bénéficié des travaux d’une assemblée constituante, de consultations provinciales et de l’apport d’experts juridiques étrangers et congolais. La Constitution qui a suivi (et qui est toujours en vigueur) a été adoptée en décembre 2005 par référendum populaire et promulguée par le Président Kabila en février 2006 sur fond de crise politique et sécuritaire persistante. La loi organique de 2008 sur l’organisation territoriale et administrative de l’État a défini la structure des provinces, des entités territoriales décentralisées et des entités territoriales déconcentrées. Cependant, ces intentions n’ont guère été suivies d’effet. Le gouvernement central n’a pas respecté l’échéance de 2010 pour la création des 26 provinces prévues dans la Constitution, n’achevant cette tâche que cinq ans plus tard en 2015[7World Bank, Democratic Republic of Congo, Systematic Country Diagnostic, Report No. 112733-ZR, 2018].

En 2010, la MONUC est devenue la Mission de l’Organisation des Nations unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO), agissant désormais en soutien d’un gouvernement élu. Joseph Kabila a été réélu lors de l’élection présidentielle de 2011, bien que l’événement ait été entaché d’accusations de corruption et de fraude.

L’ambiguïté qui a suivi quant à l’intention de M. Kabila de se présenter ou non pour un troisième mandat – ce qu’interdisait la Constitution – associée à un retard de deux ans dans la tenue des élections, a déclenché des protestations soutenues et généralisées et a créé une instabilité importante. À la suite de la pression des acteurs continentaux, régionaux et internationaux, Kabila a annoncé, à la mi-2018, qu’il ne se représenterait pas, et, des élections nationales et provinciales ont finalement eu lieu en décembre 2018. Les résultats des élections ont été fortement contestés par l’opposition et la société civile.

Selon les observateurs électoraux nationaux, le leader de l’opposition Martin Fayulu a remporté la course à la présidence. L’arrivée au pouvoir du Président Félix Tshisekedi est largement perçue comme le résultat d’un accord politique conclu par le président sortant Kabila, dont le parti a perdu mais qui conserve une emprise importante sur le pouvoir grâce à une majorité substantielle au Parlement. L’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) de Tshisekedi, le Front commun pour le Congo (FCC) de Kabila et l’Union pour la nation congolaise (UNC) de Vital Kamerhe, le colistier de Tshisekedi, ont initialement gouverné le pays par le biais d’une coalition gouvernementale chancelante qui s'est effondré après quelques  mois lorsque le President Tshisekedi a déclaré que l'accord de partage du pouvoir bloquait son programme de réformes et a ensuite formé un nouveau gouvernement connu sous le nom d' ‘Union sacrée de la nation’.

Le président Tshisekedi a gagné un second mandat lors des élections présidentielles de décembre 2023, et la population attend avec impatience la formation de son nouveau gouvernement. Son premier mandat a été marqué par trois éléments cruciaux : les doutes sur la légitimité de sa victoire électorale en 2019, les conflits dans l’est de la RD Congo et les défis économiques du pays. Malgré ces obstacles, son premier mandat a connu des succès, notamment l'adhésion de la RD Congo  à la Communauté de l’Afrique de l’Est, des améliorations dans l'accès à l'éducation, en particulier pour les filles, ainsi qu'une modeste reprise de la croissance économique post-pandémie de Covid-19. Cependant, il reste encore beaucoup à accomplir pour le président Tshisekedi au cours de son deuxième mandat afin d'améliorer la qualité de vie de la population congolaise.

RD Congo: La trajectoire actuelle de developpement

Le graphique 2 présente la structure de la population jusqu’en 2043 sur la trajectoire actuelle de développement.

La République démocratique du Congo est l'un des pays les plus diversifiés linguistiquement au monde, avec environ 215 groupes ethniques et linguistiques distincts. Le français, introduit par les colons belges, est la langue officielle de la RD Congo. Cependant, la plupart des Congolais parlent couramment d'autres langues telles que le swahili, le lingala, le kikongo et le tshiluba. La majorité de la population de la RD Congo est chrétienne, avec près de 70 % de la population appartenant à diverses confessions, suivies par les religions africaines, l'islam et d'autres croyances.

Avec une population estimée à environ 99 millions d'habitants en 2022, la RD Congo est le quatrième pays le plus peuplé d'Afrique après, le Nigeria, Éthiopie, et l’Égypte. Le pays a l’une des croissances démographiques les plus rapides d’Afrique et du monde, avec une augmentation annuelle de la population de 3,3 % en 2022. Ce taux est supérieur au taux de croissance démographique moyen des pays Africains à faible revenu (2,9 %).

La croissance démographique rapide du pays a un impact significatif sur le bien-être de sa population, exacerbant son taux élevé de malnutrition et la médiocrité des services d’éducation et de santé. Avec une population croissante et un nombre très élevé de personnes à charge (personnes de moins de 15 ans et de plus de 65 ans) par rapport aux personnes en âge de travailler (15-64 ans), les conditions sociales telles que la pauvreté et la faim vont s'aggraver sous l'effet d'une démographie rapide. la croissance frappe d’abord les plus pauvres et le PIB par habitant diminue. L’offre négligeable de soins médicaux par l’État – ainsi que la pauvreté, la violence et les maladies endémiques  – a conduit à une faible espérance de vie, à 62,5 ans en 2022. Ce chiffre est inférieur a la  moyenne pour les pays africains à faible revenu (63,8 ans). La République démocratique du Congo compte également une très forte population de jeunes, avec environ 49 % de sa population adulte âgée de 15 à 29 ans en 2022. D’ici 2043, cette proportion n’aura diminué qu’à environ 45 %.

Sur la trajectoire actuelle (scénario de base), la population de la RD Congo augmentera de 73.6 % au cours des 20 prochaines années  pour atteindre 164 millions in 2043. La population active (âgée de 15 à 64 ans) représentera environ 57 % de la population en 2043. Cela peut constituer une source potentielle de croissance à condition que la main-d’œuvre soit bien formée et que suffisamment d’emplois soient créés. La population de 15 ans et moins devrait diminuer, constituant environ 40 % de la population en 2043, tandis que la part des personnes âgées (65 ans et plus) devrait être de 3 %.

Graphique 3: Carte de répartition de la population, 2022
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Le graphique 3 présente une carte de densité de population.

La densité de population de la RD Congo était de 0,44 personne par hectare en 2022, ce qui est comparable aux moyennes des pays africains à faible revenu (0,44 personne par hectare) et du continent (0,48 personne par hectare). Sur la trajectoire actuelle, la densité de population du pays devrait rester inférieure à un habitant par hectare d’ici 2043, ce qui est comparable aux moyennes projetées pour les pays africains à faible revenu et le continent pour la même année.

La population du pays est concentrée sur les plateaux, dans la savane à proximité des rivières et des lacs. Le nord et le centre du pays, domaine de la jungle, sont quasiment vides. L'exode rural, induit par des facteurs tels que la nécessité d'éviter les conflits et les risques qui en découlent ainsi que l'insuffisance des services ruraux, a gonflé la population des villes. Les plus grandes villes sont Kinshasa, Lubumbashi, Mbuji-Mayi, Kananga, Kisangani et Bukavu.

Le graphique 4 présente la taille de l’économie de la République démocratique du Congo depuis 1990 et comprend des prévisions jusqu’en 2043, y compris le taux de croissance associé.

L’économie congolaise a été particulièrement touchée par la série de conflits violents des années 1990. Par exemple, entre 1990 et 2003, la taille de l’économie a diminué d’environ 40 %. Le secteur minier, qui constituait le pilier de l'économie, s'est effondré.

Après la signature d’un accord de paix global en 2002, le gouvernement de transition dirigé par Joseph Kabila a renoué le dialogue avec les institutions financières internationales, ce qui a permis de reprendre le soutien de la Banque mondiale et du FMI, qui avait été suspendu au début des années 1990. Plusieurs réformes et politiques mises en œuvre sous les auspices des institutions de Bretton Woods, associées au rebond de l’activité économique d’après-guerre, ont permis de contrôler l’hyperinflation et de relancer la croissance économique. En 2002, après une récession qui a duré une décennie, le pays a renoué avec la croissance.

Soutenue par la hausse des prix des matières premières, la RD Congo a enregistré un taux de croissance moyen de 7,9% entre 2010 et 2015, contre une moyenne de 4,3% pour l'Afrique subsaharienne sur la même période. Cependant, les fluctuations cycliques ultérieures des prix des matières premières ont ralenti la dynamique de croissance moyenne à 3,3 % de 2016 à 2019 et ont révélé la forte exposition du pays aux chocs des prix des matières premières. Au cours de l'année de la pandémie de COVID-19 (2020), le pays a enregistré un taux de croissance de 1,7 % , soit une baisse de 2,8 points de pourcentage par rapport à 2019.

En 2022, l’économie de la RDC a connu une croissance de 8,9 %, principalement grâce à l’augmentation de la production minière et aux prix mondiaux élevés des exportations de matières premières. Le pays est fortement dépendant du commerce des matières premières, notamment du pétrole, du cuivre, du cobalt, de l’étain, du tungstène et du tantale. La même année, la taille de l'économie était de 49,4 milliards de dollars américains, contre 42,7 milliards de dollars américains en 2020. Le secteur des hydrocarbures a dominé l'économie. Au cours des 15 dernières années, la part du secteur des hydrocarbures dans le PIB a fluctué autour d'une moyenne de 42%, celle du secteur des services d'environ 33% , tandis que l'agriculture, la sylviculture et la pêche représentent 6% du PIB.

D’ici 2043, la taille de l’économie de la République démocratique du Congo devrait atteindre 259,8 milliards de dollars américains. Le modèle de croissance actuel du pays, axé sur l’industrie extractive, est fragile et peu prometteur en termes d’amélioration des moyens de subsistance. Sans une transformation structurelle significative de l’économie, la croissance économique restera à la merci des chocs des prix des matières premières. Le sous-investissement dans l’éducation, les soins de santé et les infrastructures physiques, ainsi que la faiblesse des institutions de gouvernance, ont souligné les limites de la croissance tirée par l’industrie extractive et l’importance de la diversification économique en RD Congo. Avec la baisse attendue de la demande de l’énergie  fossiles suite à la transition mondiale vers une économie verte, le modèle de croissance du pays pourrait etre fortement impacté.

Le graphique 5 présente la taille de l'économie informelle en pourcentage du PIB et en termes absolus, ainsi que le pourcentage de la main-d'œuvre totale impliquée dans l'économie informelle.

Le secteur informel est une bouée de sauvetage cruciale pour de nombreuses personnes en RD Congo. Selon le ministère du Travail du pays, l’emploi est dominé par le secteur informel, qui représente environ 88,6 % de l’emploi total — 59,7 % dans le secteur agricole et 28,9 % dans les activités non agricoles.

En 2022, la taille de l'économie informelle représentait environ 41,8 % du PIB du pays, et d'ici 2043, elle devrait diminuer considérablement pour atteindre 33 %, ce qui est supérieur aux moyennes de 26,6 % et 24,6 % pour les pays africains à faible revenu et l'Afrique. , respectivement. Bien que l’économie informelle fournisse un filet de sécurité à la population nombreuse et croissante en âge de travailler du pays, elle entrave la croissance économique et entrave l’amélioration des politiques économiques. La réduction de l’informalité permettra à davantage de personnes de bénéficier de meilleurs salaires et de mesures redistributives. Par conséquent, la RD Congo doit réduire la taille de son économie informelle avec le moins de frictions possible en réduisant les obstacles à l’enregistrement d’une entreprise, en luttant contre la corruption et en améliorant l’accès au financement.

Le graphique 6 présente le PIB moyen par habitant de 1990 et les prévisions sur la trajectoire actuelle jusqu'en 2043.

La RD Congo a l’un des plus faibles PIB par habitant au monde. La série de conflits violents des années 1990 a eu des répercussions sur la croissance économique et les revenus. Par exemple, entre 1990 et 2003, le PIB par habitant est tombé à près de 29 % de son niveau lors de l’indépendance en 1960. En 2022, le PIB par habitant en parité de pouvoir d’achat(PPA) de la République démocratique du Congo s’élevait à 1 133 dollars américains, soit environ 42% de son niveau de 1960.

Sur la base de la trajectoire actuelle, le PIB par habitant(PPA) du pays devrait atteindre 2605 dollars en 2043, soit 84 % de la moyenne projetée pour les pays africains à faible revenu pour la même année.

Le graphique 7 présente le nombre de personnes vivant dans l'extrême pauvreté, également exprimé en pourcentage de la population.

En 2015, la Banque mondiale a adopté un montant de 1,90 $ US par personne et par jour en dollars constants de 2011 comme seuil de pauvreté pour les pays à faibles revenu. Ce seuil est également utilisé pour mesurer les progrès vers la réalisation de l'objectif de développement durable (ODD) 1 visant à éradiquer l'extrême pauvreté. En 2022, la Banque mondiale a actualisé le montant de 1,90 USD à 2,15 USD en dollars constants de 2017 pour les pays à faible revenu.

La République démocratique du Congo est l’un des cinq pays au monde comptant le plus grand nombre de personnes vivant dans l’extrême pauvreté,  avec moins de 2,15 dollar américain par jour. En 2022, environ 72,3% de la population de la RDC, soit 71,8 millions de personnes, vivaient dans une extrême pauvreté. La République démocratique du Congo compte le deuxième plus grand nombre de personnes extrêmement pauvres en Afrique après le Nigeria.  Sur la trajectoire de développement actuelle, la RD Congo ne sera pas en mesure d’atteindre l’objectif global des Objectifs de développement durable (ODD) à l’horizon 2030 concernant l’éradication de l’extrême pauvreté.

Sur la trajectoire actuelle de développement,  la RD Congo abritera le plus grand nombre de personnes extrêmement pauvres parmi les pays  Africains  à faible revenu et restera le deuxième en Afrique en 2043, avec 48,1 millions de personnes (environ 26,1% de la population) vivant sous le seuil de pauvreté de 2,15 $ US par jour.

Des facteurs tels que les conflits armés, la mauvaise gouvernance, les taux de fécondité élevés, le manque d’infrastructures et le faible taux de scolarité sont quelques-unes des causes profondes de la pauvreté de millions de Congolais. Les décideurs politiques de la RD Congo devraient rendre la croissance plus inclusive en intégrant les segments les plus vulnérables de la population, en particulier les femmes, dans l'économie et en renforçant la formation de capital humain pour répondre aux besoins du marché du travail et ainsi créer des emplois plus rémunérateurs et accélérer la réduction de la pauvreté.

Graphique 8: Plan National Stratégique de Développement

La vision de développement à long terme de la RDC est de construire une économie diversifiée avec une croissance inclusive pour devenir une économie à revenu intermédiaire et vaincre la pauvreté. L’objectif général du Plan national de développement (2019-2023) était  de combattre la pauvreté.

Le plan comprend cinq piliers :

  1. Développement du capital humain, développement social et culturel
  2. Renforcement de la bonne gouvernance, restauration de l’autorité de l’État et consolidation de la paix.
  3. Consolidation de la croissance économique, diversification et transformation de l’économie.
  4. Aménagement du territoire, reconstruction et modernisation des infrastructures.
  5. Protection de l'environnement, lutte contre le changement climatique, développement durable et équilibré.

Scénario Démographie et Santé

Les huit scénarios sectoriels ainsi que leur relation avec les prévisions de la trajectoire actuelle et le scénario combiné Agenda 2063 sont expliqués plus en détail séparément. Veuillez en savoir plus dans la section A propos du site Web.

Le scénario démographie et santé comprend des réductions ambitieuses mais  raisonnables du taux de mortalité infantile et maternelle, un accès accru à la contraception moderne et des réductions des taux de mortalité associés à la fois aux maladies transmissibles (par exemple, le SIDA, la diarrhée, le paludisme et les infections respiratoires) et aux maladies non transmissibles (par exemple le diabète), ainsi que l’amélioration de l’accès à l’eau potable et à un meilleur assainissement.

Les caractéristiques de la population d’un pays peuvent façonner ses fondements sociaux, économiques et politiques à long terme. Ainsi, comprendre le profil démographique d’une nation permet d’approfondir ses perspectives de développement. Une population en meilleure santé peut entraîner une hausse du PIB par habitant à long terme en raison de son impact sur la sur la productivité.

Le secteur de la santé de la République démocratique du Congo a été fortement touché par les conflits prolongés du pays. Cette situation a été aggravée par la pandémie de COVID-19 et par des épidémies récurrentes telles que le choléra, la rougeole et Ebola. Il existe des preuves significatives que la COVID-19 a eu un effet négatif sur l’utilisation des services de santé depuis mars 2020, avec une baisse des visites à l’hôpital, une diminution du nombre de visites de soins prénatals, une réduction de l’accès à la planification familiale et à la contraception. Près de 23 millions d’enfants n’ont pas bénéficié des vaccinations de routine en 2020 en raison de la pandémie de COVID-19 – le nombre le plus élevé depuis plus d’une décennie, selon les données de l’OMS/UNICEF.

La croissance démographique rapide en RD Congo  va de pair avec une urbanisation rapide. En 2022, environ 46,8 % de la population vivait dans des zones urbaines, contre 30,6 % en 1990. Cela représente environ 14,3 points de pourcentage de plus que la moyenne de 32,5 % des pays africains à faible revenu. En raison de cette urbanisation rapide, Kinshasa, la capitale avec sa population estimée à 12 millions d’habitants en 2016 et un taux de croissance annuel d’environ 5,1 %, devrait accueillir 24 millions de personnes d’ici à 2030. Elle deviendra la ville la plus peuplée d’Afrique, devant le Caire et Lagos. Cette situation risque de poser d’énormes problèmes si la planification et la gestion urbaines ne sont pas adéquates et si la création de possibilités d’emploi pour les jeunes citadins n’est pas réalisée.

Sur la trajectoire de développement actuelle, le taux d'urbanisation en République démocratique du Congo devrait augmenter à environ 56,5 % (près de 103,9 millions de personnes) d'ici 2043, tandis que la population rurale chutera à 43,5 % d'ici 2043 contre environ 53,2% en 2022.

Dans le scénario Démographie et Santé, la population urbaine de la RD Congo diminue à environ 100,7 millions de personnes (près de 59,6 % de la population totale). Il s’agit d’une réduction d’environ 3 % (soit près de 3,1 millions de personnes) par rapport à la trajectoire actuelle prévue en 2043. La taille de la population urbaine en 2043 sera nettement supérieure de 15,7 points de pourcentage à la moyenne projetée des pays africains à faible revenu dans ce scénario.

L'urbanisation rapide en RD Congo est associée au chômage, à la pauvreté, à des soins de santé inadéquats, à un mauvais assainissement, aux bidonvilles et à la dégradation de l'environnement, en particulier dans les principales villes comme Kinshasa. Près des trois quarts de la population urbaine de la République démocratique du Congo vivent dans des bidonvilles, soit 15 points de pourcentage de plus que la moyenne de l'Afrique subsaharienne.

Le graphique 10 présente le taux de mortalité infantile dans le scénario de base (trajectoire actuelle) et le scénario  Démographie et santé.

Le taux de mortalité infantile est la probabilité qu'un enfant né au cours d'une année ou d'une période spécifique décède avant d'atteindre l'âge d'un an. Il mesure le taux de survie des enfants nés et reflète les conditions sociales, économiques et environnementales dans lesquelles vivent les enfants, y compris leurs soins de santé. Ce taux est mesuré comme le nombre de décès pour 1 000 naissances vivantes et est considéré comme un indicateur indirect de la santé de la population générale. Un taux élevé de mortalité infantile reflète des conditions précaires telles qu’une mauvaise alimentation, un accès limité à l’eau potable et des services de santé inadéquats.

Avec 61 décès pour 1 000 naissances vivantes en 2021, le taux de  mortalité infantile en République démocratique du Congo était supérieure à la moyenne de 50 et 46 décès pour 1 000 naissances vivantes pour les pays africains à faible revenu et l’Afrique, respectivement. Le scénario Démographie et santé réduira le taux de mortalité infantile en République démocratique du Congo à 22 décès pour 1 000 naissances vivantes d’ici 2043, contre 30 décès dans le scenario de base (la trajectoire actuelle).

En ce qui concerne les taux de fécondité, en 2022, la RD Congo avait le quatrième taux de fécondité  le plus élevé au monde (une moyenne de six naissances par femme) après respectivement le Niger, le Tchad et la Somalie. Le taux de fécondité en RDC est principalement déterminé par les valeurs culturelles, qui encouragent les gens à fonder des familles nombreuses, et par des grossesses précoce , ce qui signifie plus d'années d'accouchement et moins d'utilisation de la contraception. Dans le scénario Démographie et santé le taux de fécondité sera de trois naissances par femme contre quatre naissances par femme selon les prévisions de la trajectoire actuelle en 2043.

Le graphique 11 présente le dividende démographique dans le scénario de base et dans le scénario Démographie et santé.

Les démographes font généralement la distinction entre un premier, un deuxième et même un troisième dividende démographique. Cette étude utilise le ratio personnes en âge de travailler/personnes à charge, c’est-à-dire la taille de la population active (entre 15 et 64 ans) par rapport aux personnes à charge (enfants et personnes âgées de plus de 65 ans). Une fenêtre d’opportunité s’ouvre lorsque le ratio entre la population en âge de travailler et les personnes à charge est égal ou supérieur à 1,7.

En 2022, le ratio population en âge de travailler/personnes à charge s'élevait à 1,03, ce qui signifie qu'en moyenne, il n'y avait que 1,03 personne en âge de travailler (15 à 64 ans) pour chaque personne à charge en RD Congo.

Selon la trajectoire actuelle, le ratio devrait être de 1,3 en 2043. Dans le scénario Démographie et santé, le ratio devrait atteindre 1.5 en 2043. Le ratio minimum population en âge de travailler/personnes à charge  de 1,7 sera atteint en 2047, soit six ans plus tôt que la moyenne des pays africains à faible revenu.

L’augmentation de la taille de la population en âge de travailler en RD Congo peut être un catalyseur de croissance si elle est bien formée et si des opportunités d’emploi sont créées pour exploiter avec succès son pouvoir productif. Autrement, cela pourrait se transformer en une « bombe» démographique, dans la mesure où de nombreuses personnes en âge de travailler pourraient rester au chômage et dans la pauvreté, ce qui pourrait créer de la frustration, des tensions sociales et des conflits.

Scénario Agriculture

Le scénario agricole représente des augmentations raisonnables mais ambitieuses des rendements par hectare (reflétant une meilleure gestion et une meilleure technologie des semences et des engrais), une augmentation des terres  irriguées et une réduction des pertes  alimentaires. L’augmentation de la protection des forêts reflète des pratiques d’utilisation durable des terres.

Visitez le thème sur l'agriculture pour notre conceptualisation et des détails sur la structure du scénario et les interventions.

La RD Congo possède plus de terres agricoles que tout autre pays d’Afrique. Le pays dispose d'environ 80 millions d'hectares de terres arables disponibles, mais seulement 10 % environ de ces terres sont actuellement cultivées. Le pays possède  un potentiel de production capable de nourrir un quart de la population mondiale. Mais le pays n’a jusqu’à présent pas réussi à réaliser les investissements et les changements politiques nécessaires pour faire de ce potentiel une réalité.

Bien qu’elle soit le pays qui possède les plus grandes terres agricoles disponibles en Afrique, la République démocratique du Congo n’a pas atteint son indépendance alimentaire et la malnutrition est répandue. Selon l'Indice de la faim dans le monde 2023, la République démocratique du Congo est l’un des pays les plus touchés par l’insécurité alimentaire au monde, se classant au 122ème rang sur 125, avec un système de vulgarisation agricole apparemment inefficace. Les principales cultures de rente sont le café, l'huile de palme, le caoutchouc, le coton, le sucre, le thé et le cacao. Les cultures vivrières comprennent le manioc, les plantes, le maïs, les arachides et le riz.

Le secteur agricole représente plus de 60% des nouveaux emplois, et en 2022, le secteur représentait environ 17.4 % du PIB de la RDC — une baisse par rapport à son niveau de 56,5 % en 1995. Le secteur agricole en République démocratique du Congo a été gravement touché par de violents conflits armés de 1996 à 2000. Par exemple, en 2006, la productivité du secteur était tombée à 60 % de son niveau en 1960.

Le projet d’appui à la réhabilitation et à la relance de l’agriculture de la République démocratique du Congo (ARRSP) vise à accroître la productivité agricole des petits exploitants agricoles. Parmi les autres contraintes pesant sur la production figurent le manque d’infrastructures de transport, l’accès limité aux intrants agricoles et les conflits fonciers.

En 2022, le rendement moyen des cultures étaient estimés à environ 4,5 tonnes par hectare, soit une baisse de près de 0,3 tonne par hectare au cours de la dernière décennie, mais supérieure à la moyenne estimée de 2,9 tonnes par hectare pour les pays africains à faible revenu au cours de la même période en 2022. Sur la base de la trajectoire actuelle (scénario de base) , le rendement moyen des cultures devrait atteindre 5,6 tonnes par hectare en 2043. Dans le scénario agriculture, il pourrait  atteindre 8,9 tonnes par hectare, soit une augmentation de près de 3,3 tonnes par hectare par rapport aux prévisions de la trajectoire actuelle.

Le graphique 12 présente la dépendance aux importations dans le scenario de base (trajectoire actuelle de développment) et le scénario Agriculture.

Sans efforts significatifs pour améliorer la production agricole, le faible rendement actuel des cultures continuera de faire de la RD Congo un importateur net de produits alimentaires. En 2022, la production  agricole de la RDC  s’élevait à 59,9 millions de tonnes, soit un déficit de 10,3 millions de tonnes pour répondre à la demande agricole annuelle de 68,3 millions de tonnes.

Sur la trajectoire actuelle, l’écart entre la production agricole et la demande devrait augmenter pour atteindre près de 47.2 millions de tonnes en 2043. Le scénario Agriculture augmentera la production de près de 35,9 millions de tonnes par rapport aux prévisions de la trajectoire actuelles de 107,1 millions en 2043. 

Scénario Education

Le scénario Éducation représente une amélioration raisonnable mais ambitieuse des taux d’admission, de transition et d'achèvement du niveau primaire , secondaire et supérieur et une meilleure qualité de l’éducation. Il modélise également des progrès substantiels vers la parité entre les sexes à tous les niveaux, une amélioration de l'accès aux formations professionnelles et une augmentation de la proportion de diplômés en sciences et en ingénierie.

Visitez le thème sur l'éducation pour notre conceptualisation et des détails sur la structure du scénario et les interventions.

L'instabilité politique et les conflits des années 1990 ont gravement affecté les résultats scolaires en République démocratique du Congo. En outre, la malnutrition généralisée, la difficulté de passer de l’enseignement de la langue maternelle à l’apprentissage du français et, en particulier, les contraintes financières continuent d’entraver les résultats scolaires. Malgré ces défis, la RD Congo a enregistré une amélioration notable des indicateurs liés à l’éducation ces dernières années. Par exemple, le taux d'alphabétisation des personnes âgées de 15 ans et plus est passé de 61,2 % en 2007 à 80,3 % en 2022.

Une éducation de qualité est cruciale pour le développement économique. Cela permet non seulement au pays d'augmenter sa valeur ajoutée actuelle mais aussi de créer les innovations technologiques de demain. Ainsi, les autorités congolaises devraient accélérer les réformes visant à améliorer la qualité de l'éducation dans le pays.

Le graphique 13 présente les années moyennes de scolarité dans la prévision de la trajectoire actuelle et le scénario d'éducation pour le groupe d'âge de 15 à 24 ans.

La durée moyenne de scolarité de la population adulte âgée de 15 à 24 ans est un bon premier indicateur de l’évolution du stock de connaissances dans la société.

La durée moyenne de scolarité  des adultes âgés de 15 à 24 ans était estimée à 5,9 années en 2022. Sur la voie actuelle, la durée moyenne d'éducation en République démocratique du Congo devrait s'améliorer pour atteindre environ 7 années d'ici 2043, ce qui est inférieur à la moyenne projetée de 7,2 années pour les pays africains à faible revenu. Dans le scénario Éducation, la durée moyenne de scolarité augmentera à 8.3 ans , soit une augmentation d’environ 1,2 années par rapport aux prévisions sur la base de la trajectoire actuelle en 2043.

Bien que la République démocratique du Congo ait fait des progrès significatifs pour scolariser davantage d'enfants ces dernières années, la qualité de l'éducation qu'ils reçoivent est mal adaptée aux besoins du marché du travail. Les principaux facteurs expliquant cette mauvaise qualité de l’éducation sont le manque de personnel enseignant possédant les compétences requises, l’équipement obsolète et les salles de classe surpeuplées. Le secteur de l’éducation est sous-financé : les dépenses publiques consacrées à l’éducation représentaient environ 2,7 % du PIB en 2022, alors que la moyenne des pays africains à faible revenu était de 3,4 % du PIB.

Dans le scénario Éducation, le score pour la qualité de l'enseignement primaire passera de 34,3 sur 100 possibles en 2022 à 41,4 en 2043 — une augmentation de 20,6% par rapport aux prévisions de la trajectoire actuelle. Le score pour la qualité de  l’enseignement secondaire s’améliorera de 39,5 en 2022 à 44.6 en 2043 (dans le scénario) — une réduction de 12,5 % de la qualité par rapport aux prévisions de la trajectoire actuelle  en 2043.

En investissant dans l’éducation de ses citoyens, la RDC peut jeter les bases de l’innovation, du progrès économique et de l’harmonie sociale.

Scénario Industrialisation

Le scénario industrialisation/ Industrie manufacturiere  représente une croissance ambitiueuse mais raisonnable du secteur manufacturier grâce à des investissements plus importants dans le secteur , dans la recherche et le développement (R&D) ainsi qu’à une amélioration de l’environnement des affaires . Il augmente le  taux  de participation au marché du travail pour les femmes et les hommes.  Elle s’accompagne d’une augmentation des transferts sociaux (subventions sociales) en faveur des population les plus vulnerables  afin de modérer la hausse   des inégalités de revenu généralement associées à la phase initiale de l’industrialisation .

Visitez le thème sur l’industrialisation pour notre conceptualisation et des détails sur la structure du scénario et les interventions.

En République démocratique du Congo, l'industrie manufacturière joue un rôle marginal dans l'économie du pays. En termes de valeur ajoutée, le secteur n'a contribué qu'à environ 16,7 % du PIB en 2022. Les produits comprennent les aliments transformés (en particulier la farine et le sucre), la bière et autres boissons, les cigarettes, les textiles et les vêtements, les chaussures, le bois et le papier transformés, les produits chimiques, le ciment et les briques, la verrerie et les produits métalliques, tels que les clous et les meubles en métal.

Le graphique 14 présente la contribution du secteur manufacturier au PIB sur  la trajectoire actuelle de developpement (scénario de base) et dans le scénario industrialisation . La plateforme IFs utilise les données du Global Trade and Analysis Project (GTAP) pour classer l'activité économique en six secteurs : l'agriculture, l'énergie, les matériaux (y compris les mines), l'industrie manufacturière, les services et les technologies de l'information et de la communication (TIC). La plupart des autres sources utilisent une triple distinction entre uniquement l’agriculture, l’industrie et les services, de sorte que les données peuvent différer.

Selon les prévisions de la trajectoire actuelle, la contribution du secteur manufacturier au PIB devrait atteindre 24,1 % d'ici 2043. Le scénario Industrie manufacturière/Industrialisation portera cette part à 27,7 % du PIB en 2043 , soit une augmentation de près de 3,6 points de pourcentage par rapport aux prévisions de la trajectoire actuelle en 2043. Ainsi, le scénario Industrialisation augmentera la taille de l’économie de la RD Congo de 35,3 milliards de dollars par rapport aux prévisions de la trajectoire actuelle en 2043.

Toutefois, l’industrialisation est un processus difficile et de longue haleine. Cela nécessite des relations constructives entre le secteur privé et l’État, qui les encourage et les soutient. Les entreprises ont besoin d’un État doté de solides capacités pour définir une vision et une stratégie économiques globales, fournir efficacement des infrastructures et des services de soutien, maintenir un environnement réglementaire propice à l’activité entrepreneuriale et faciliter l’acquisition de nouvelles technologies et l’entrée dans de nouvelles activités et marchés économiques.

Scénario ZLECAf

Le scénario ZLECAf représente l’impact de la mise en œuvre complète de l’accord de libre-échange continental d’ici 2034. Le scénario augmente les exportations dans les secteurs manufacturier, agricole, des services, des TIC, des matériaux et de l’énergie. Cela comprend également une amélioration de la productivité provenant de la hausse de la concurrence et des transferts de technologies qui accompagnent  généralement la libéralisation commerciale.

Visitez le thème sur la ZLECAf pour notre conceptualisation et les détails sur la structure du scénario et les interventions.

Le commerce international peut contribuer à accélérer la croissance et à améliorer le niveau de vie. En 2022, les exportations et les importations représentaient respectivement 48% et 50.9% du PIB de la RD Congo. Les exportations du pays sont fortement concentrées sur les produits de base, les cinq principaux produits d’ exportations étant le cuivre raffiné et les alliages sous forme brute, le cobalt, le cuivre non raffiné, les minerais de cuivre/concentrés et le pétrole brut. Ensemble, ces cinq principaux produits d’exportation, représentent environ 92.2 % des exportations du pays.

Selon l'Observation de la complexité économique (OEC), la RD Congo était en 2022 le plus grand exportateur mondial de cobalt (5,9 milliards de dollars), d'oxydes et d'hydroxydes de cobalt (899 millions de dollars), de minerais d'étain (282 millions de dollars), d'alliages de cuivre ( 199 millions de dollars), et le minerai de cobalt (175 millions de dollars) et d'autres minerais (92,7 millions de dollars). La même année, la valeur du cuivre raffiné exporté s'élevait à 16,3 milliards de dollars américains, celle du cuivre brut à 1,4 million de dollars américains et celle du pétrole brut à 916 millions de dollars américains, destinés principalement à la Chine, à Singapour, aux Émirats arabes unis, à Hong Kong et à la Tanzanie. Corée du Sud, Arabie Saoudite et Italie. Les importations du pays étaient principalement du pétrole raffiné (1,1 milliard de dollars), du soufre (979 millions de dollars), des camions de livraison (367 millions de dollars), des machines de traitement de la pierre (363 millions de dollars) et des structures en fer (285 millions de dollars) provenant principalement de Chine et de Zambie. , l’Afrique du Sud, les Émirats arabes unis et l’Inde.

La RD Congo a déposé son instrument de ratification en février 2022 et est devenue le 42e pays à ratifier la ZLECAf. Le pays a signé la ZLECAf en mars 2018 et l’Assemblée nationale a approuvé le traité en avril 2021.

Le graphique 15 compare la balance commerciale dans le scénario de base (trajectoire actuelle)  et le scénario ZLECAf.

L’ouverture commerciale augmente la taille du marché disponible pour les entreprises nationales. Quant à la RD Congo, l’ouverture commerciale a permis des progrès significatifs dans le renforcement du commerce total (exportations plus importations), qui représentait 66,9% de son PIB en 2021.

La balance commerciale de la République démocratique du Congo est structurellement déficitaire et, selon la trajectoire actuelle, cette tendance devrait se poursuivre au moins jusqu'en 2047. Le déficit commercial du pays représentera environ 5,1% du PIB (environ 13,3 milliards de dollars américains) en 2043.

Dans le scénario ZLECAf, la balance commerciale de la RDC deviendra positive (excédentaire) entre 2029 et 2035, avec un excédent commercial de 1,03 milliards de dollars américains, équivalent à 0,8 % du PIB en 2035, contre un déficit commercial d'environ 2,9 milliards de dollars américains (2.4% du PIB) sur la trajectoire actuelle. Dans le scénario ZLECAf, le secteur extractif du pays connaîtra un excédent commercial équivalent à 40,5 % du PIB en 2043   - soit une augmentation d’environ six points de pourcentage par rapport aux prévisions de la trajectoire actuelle pour la même année.

Avec la suppression des restrictions commerciales suite à la mise en œuvre de la ZLECAf, il deviendra plus facile d’importer ; cependant, les entreprises de la RDC seront confrontées à une concurrence intense sur les marchés d'exportation. Utiliser uniquement la balance commerciale n’est pas un indicateur fiable pour conclure que la RD Congo sera gagnante ou perdante dans la mise en œuvre de la ZLECAf, car d’autres indicateurs doivent également être pris en compte.

Scénario Infrastructure

Le scénario  infrastructures et le saut en avant représente un investissement raisonnable mais ambitieux dans les infrastructures routières, les technologies d’énergies renouvelables et un meilleur accès à l’électricité dans les zones urbaines et rurales. Le scénario comprend un accès accéléré au haut débit de l’internet  mobile et fixe et l’adoption de technologies modernes qui améliorent l’efficacité du gouvernement et permettent une formalisation plus rapide du secteur informel. Une dernière intervention consiste  à accroitre les investissements dans les grandes infrastructures telles que les chemins de fer, les ports et les aéroports.

Visitez les thèmes sur les infrastructures  pour notre conceptualisation et des détails sur la structure du scénario et les interventions.

Le manque d’infrastructures en République démocratique du Congo, en particulier les infrastructures de transport,  est l’un des principaux obstacles à une productivité plus élevée et, par conséquent, à une croissance économique plus rapide.  Selon la Banque mondiale, les besoins d’investissements dans les infrastructures  en République démocratique du Congo sont parmi les plus élevés d'Afrique.

Le transport routier a toujours été un défi et la vaste géographie du pays, sa faible densité de population, ses vastes forêts et ses rivières entrecroisées compliquent encore davantage le développement des réseaux d’infrastructures. En raison d’une décennie de guerre, les réseaux ont été gravement endommagés ou se détériorent. Les infrastructures routières et ferroviaires sont vétustes. En 2022, la part des routes bitumées de la RDC représentait environ 2,6 % du reseau routier, et selon la trajectoire actuelle cette part devrait augmenter à 23,5 % en 2043.

Le pays dispose de ressources énergétiques abondantes et variées telles que l’hydroélectricité, la biomasse, le solaire, l’éolien et les energies fossiles. Par exemple, le pays possède un énorme potentiel hydroélectrique estimé à 100 GW, ce qui représente environ 13 % du potentiel hydroélectrique mondial. Le pays dispose également d'un potentiel dans d'autres sources d'énergie, estimé à 70 GW pour le solaire et 15 GW pour l'éolien. En résumé, la RD Congo a le potentiel pour devenir l’un des principaux exportateurs d’électricité en Afrique.

Paradoxalement, le pays présente l’un des plus grands déficits d’accès à l’énergie au monde. L’approvisionnement énergétique est largement insuffisant pour les besoins du pays et la consommation énergétique provient principalement de la biomasse. Seulement 3 % sont générés par l’énergie hydroélectrique, le reste provenant du charbon de bois et du bois de chauffage. Bien que des progrès aient été réalisés, la République démocratique du Congo a toujours l’un des taux d’électrification les plus bas au monde. La part de la population ayant accès à l’électricité est passée de 6 % en 2005 à 21,2 % en 2022, bien en dessous de la moyenne de 35,9 % pour les  pays africains à faible revenu. Sur la trajectoire actuelle, l’accès à l’électricité en République démocratique du Congo devrait atteindre 53 % de la population en 2043.

Les autorités de la République démocratique du Congo ont pris plusieurs mesures pour surmonter le problème du développement des infrastructures, notamment en concluant des contrats avec des entreprises chinoises pour moderniser les infrastructures de transport. Le pays continue de mettre en œuvre des réformes visant à rendre les secteurs de l'énergie et des télécommunications plus efficaces. Les partenariats public-privé ont également été encouragés comme moyen d’accroître les investissements, y compris les investissements directs étrangers (IDE), dans les secteurs liés aux infrastructures.

Le graphique 16 présente l’utilisation des cuisinières dans le scénario de de base et dans le scénario infrastructures.

Le modèle IFs distingue trois types de cuisinières  : traditionnels, améliorés et modernes. En raison du faible accès à l'électricité en République démocratique du Congo, de nombreux ménages utilisent des foyers/cuisinières traditionnels tels que le bois de chauffage et le charbon de bois pour cuisiner. En 2022, environ 87,4 % des ménages de la RD Congo utilisaient des foyers/cuisinières traditionnels pour cuisiner, tandis que près de 4,6 % utilisaient des foyers améliorés et environ 8 % pour les foyers modernes.

Selon les prévisions de la trajectoire actuelle, en 2043, 61,6 % des ménages utiliseraient des foyers traditionnels, tandis que 3,2 % utiliseraient des foyers améliorés et 35,2 % des foyers modernes. Le scénario Infrastructure réduira l’utilisation des foyers traditionnels à 55,2 %, des foyers améliorés à 2,9 % et augmentera l’utilisation des foyers modernes à 41,8 % des ménages d’ici 2043.

Le graphique 17 présente l’accès au haut débit d’internet  mobile et fixe sur la trajectoire actuelle et dans le scénario infrastructures

En 2022, la RD Congo comptait environ 0,3 abonnement à internet fixe pour 100 habitants, ce qui était inférieur à la moyenne de 1,8 abonnements pour 100 habitants pour les pays africains à faible revenu. Sur la voie actuelle, le taux de souscription augmentera à 17,4 d’ici 2043 — moins que la moyenne projetée pour les pays africains à faible revenu.

Dans le scénario infrastructures , les abonnements à Internet haut débit fixe devraient augmenter à 26,5 pour 100 personnes d’ici 2043.

La République démocratique du Congo avait un taux d’abonnement à Internet haut débit mobile estimé à 26,2 pour 100 personnes en 2022. Ce taux était nettement inférieur à la moyenne estimée de 32,6 abonnements pour 100 personnes dans les pays africains à faible revenu. L’abonnement à Internet haut débit mobile en République démocratique du Congo devrait augmenter rapidement pour atteindre 124,8 abonnements pour 100 personnes d’ici 2043. Dans le scénario   le taux est de 125,7 abonnements pour 100 personnes en 2043.

Scénario Flux financiers

Le scénario des flux financiers représente une augmentation ambitieuse mais  raisonnable  des  envois de fonds des travailleurs émigrés, de l’aide publique au developpement, des  investissements direct étrangers (IDE),  des investissements de portefeuille et la reduction  des flux financiers illicites.

Visitez le thème sur les flux financiers pour notre conceptualisation et des détails sur la structure du scénario et les interventions.

De nombreux pays d’Afrique subsaharienne dépendent encore fortement de l’aide étrangère pour fournir des services de base comme l’éducation et les soins de santé. C'est le cas de la RD Congo, malgré ses immenses ressources naturelles. L'aide représentait environ 5,9 % du PIB du pays en 2022, ce qui était inférieur à la moyenne de près de 7,6 % du PIB des pays africains à faible revenu. Dans le scénario des flux financiers, les flux d'aide étrangère vers la RD Congo en pourcentage du PIB pourraient atteindre 3,3 % du PIB d'ici 2043 — au-dessus des 3 % prévue sur la trajectoire actuelle en 2043.

Les conflits des années 1990 ont effectivement éloigné les investisseurs étrangers de la RD Congo. Le gouvernement a récemment mis en œuvre plusieurs politiques et réformes pour attirer davantage d’IDE. Le secteur extractif représente la majeure partie des IDE entrant en RD Congo, suivi par le secteur des télécommunications. En 2022, les flux d’IDE représentaient 4,4 % du PIB du pays, soit une augmentation d’environ 1,3 points de pourcentage par rapport à 2020 (l’année de la pandémie de COVID-19). Cette part était légèrement supérieure à la moyenne des pays africains à faible revenu, qui était de 2,6 % du PIB en 2022.

Dans le scénario des flux financiers, les flux d’IDE en 2043 représenteront environ 6,8 % du PIB, contre 5,7 %  sur la trajectoire actuelle. Les IDE peuvent agir comme un catalyseur du développement économique car il apporte aux pays bénéficiaires les capitaux et la technologie dont ils ont tant besoin. Le gouvernement congolais devrait poursuivre ses réformes pour attirer davantage d’IDE, en particulier vers le secteur manufacturier.

Le graphique 18 présente les recettes publiques dans le scénario de base (trajectoire actuelle) et le scénario flux financiers.

Les recettes publiques de la République démocratique du Congo s'élevaient à 11.8 % du PIB, soit  5,8 milliards de dollars américains,  en 2022. Selon  les prévisions sur la trajectoire actuelle, les recettes publiques devraient atteindre 17,3 % du PIB ( 45 milliards de dollars américains) en 2043. Toutefois, dans le scénario des flux financiers, les recettes publiques augmenteront de près de 0,5 point de pourcentage du PIB pour atteindre 17.8% du PIB (47,8 milliards de dollars américains) en 2043. Une grande partie de cette augmentation est due à l'aide étrangère et l’effet d’une augmentation des investissements étrangers sur la croissance.

Scénario Gouvernance

Ce scénario modelise l’impact d’une amélioration de la gouvernance ( stabilité,  capacité et inclusion). Il mesure les progrès en matiere de gouvernance en utilisant la moyenne des scores obtenus sur chaque dimensions(( stabilité,  capacité et inclusion). À cette fin, il comprend un indice (de 0 à 1) pour chaque dimension, les scores les plus élevés indiquant de meilleurs résultats.

Visitez le thème sur la gouvernance pour une conceptualisation complète et des détails sur la structure du scénario et les interventions.

La gouvernance en RD Congo se caractérise par des réseaux d’élites politiques, militaires et économiques en quête de rentes qui dirigent et organisent les abondantes ressources naturelles du pays pour servir leurs allégeances ethniques et régionales plutôt que pour le développement durable. La corruption est endémique dans le pays, allant de la corruption bureaucratique et administrative de base aux grandes formes de corruption impliquant des membres de haut rang du gouvernement et des forces de défense et de sécurité. Le secteur extractif (pétrolier et minier), les administrations fiscales et douanières et les entreprises publiques sont parmi les plus touchés.

La faible efficacité du gouvernement et l’absence de mécanismes institutionnels et juridiques solides pour garantir la responsabilité entravent le progrès économique en RD Congo.

L’indice de capacité indique que la RD Congo avait une capacité gouvernementale inférieure de 33,8 % en 2022 à la moyenne des pays africains à faible revenu. Selon les prévisions sur la trajectoire actuelle , la République démocratique du Congo devrait disposer d’une capacité inférieure de 18 % en 2043 à celle de la moyenne de ses pairs africains. Dans le scénario de gouvernance, la RD Congo disposera de 19,3 % de capacité en plus par rapport aux prévisions de la trajectoire actuelle en 2043, soit seulement 2,2 % de moins que ses pairs, contre une marge de 18 % selon la prévision sur la trajectoire actuelle.

L’indice d’inclusion indique que la RD Congo avait 37,3 % d’inclusion en moins en 2022 que la moyenne des pays africains à faible revenu. Sur la base de la trajectoire actuelle, la RD Congo devrait avoir 39,9 % d'inclusion en moins en 2043 par rapport à ses pairs africains à faible revenu, tandis que dans le scénario de gouvernance, la RD Congo aura 27,5 % d'inclusion en moins par rapport à la moyenne estimée pour les pays africains à faible revenu.

Le graphique 19 présente les progrès accomplis dans les trois dimensions de la gouvernance d’ici 2043 dans le scénario de base et le scénario gouvernance par rapport à 2019.

L’indice composite de gouvernance dans le modèle IFs est une moyenne des scores en matière de sécurité, de capacité et d’inclusion. En 2022, le score de la RD Congo était de 25,5 % en dessous de la moyenne des pays africains à faible revenu, ce qui indique que la qualité de la gouvernance en RD Congo est inferieure à celle de la plupart des pays africains à faible revenu. Selon les prévisions sur la trajectoire actuelle, en 2043, le score de la RD Congo sera inférieur de 22,2 % à la moyenne des pays africains à faible revenu.

Comparison de Scénarios

Le graphique 20 présente un graphique à aires empilées sur la contribution de chaque scénario au PIB par habitant. L’impact cumulé d’une meilleure éducation, d’une meilleure santé, d’une meilleure infrastructure, etc. signifie un avantage supplémentaire dans la plateforme de prévision intégrée  IFs que nous appelons l’effet synergique.

L’effet synergique de tous les scénarios sur le PIB par habitant est de 1 593 $US. Parmi les interventions sectorielles, le scénario Industrialisation/ Industrie manufacturière aura le plus grand impact, augmentant le PIB par habitant de 283 $US par rapport aux prévisions de la trajectoire actuelle en 2043. Les deuxième et troisième impacts les plus importants sur le PIB par habitant proviendront respectivement des scénarios de gouvernance et de ZLECAf. Chacun de ces deux scénarios augmentera le PIB par habitant de 207 et 176 dollars, respectivement. Compte tenu de la baisse continue des flux d’aide, le scénario des flux financiers aura le moins d’impact, augmentant le PIB par habitant de la RD Congo de 60 $US par rapport à la trajectoire actuelle prévue en 2043.

À court et moyen terme, le scénario Agriculture  aura le plus grand impact positif sur le PIB par habitant, le portant à 1 809 dollars américains en 2035, soit une augmentation de 83 dollars américains par rapport à la previson sur la trajectoire actuelle.  Les deuxième et troisième impacts les plus importants sur le PIB par habitant en 2035 proviendront respectivement des scénarios industrialisation/ Industrie manufacturière et Infrastructure. Dans ces deux scénarios, le PIB par habitant augmentera de 70 $US, et 57 $US (respectivement), par rapport à la prevision dans le scenario de base (trajectoire actuelle) en 2035.

Le graphique 21 présente l'impact de chaque scénario sur l'extrême pauvreté d'ici 2043. L'utilisateur peut sélectionner le nombre de personnes extrêmement pauvres ou le pourcentage de la population.

La République démocratique du Congo n'est pas en bonne voie pour atteindre l'objectif des ODD visant à éliminer l'extrême pauvreté d'ici 2030. Sur la base de la trajectoire actuelle (scénario de base), d'ici 2030, 65,7 % de la population congolaise (environ 84,1 millions d'habitants) vivra dans l'extrême pauvreté. Le scénario combiné l’Agenda 2063 qui combine tous les scénarios sectoriels réduira l’extrême pauvreté en République démocratique du Congo à 62,7 % de la population, soit une réduction de trois  points de pourcentage par rapport aux prévisions de la trajectoire actuelle en 2030.

Le scénario Agriculture aura le plus grand impact sur la réduction de l’extrême pauvreté en République démocratique du Congo, suivi par les scénarios Industrie manufacturière et infrastructure d’ici 2030. Cependant  le scénario de la ZLECAf, pourrait augmenter le taux de pauvreté d’environ 0,5 percentage point par rapport à la trajectoire actuelle prévue en 2030.

Les scénarios Industrie manufacturière,  gouvernance et éducation (respectivement) auront le plus grand impact pour sortir les Congolais de l’extrême pauvreté d’ici 2043. Dans le scénario Industrie manufacturière, environ 12,3 millions (6,7 %) de Congolais seront sortis de l’extrême pauvreté par rapport à prévison sur la bas de la trajectoire actuelle (scénario de base) en 2043.

Dans le scénario combiné Agenda2063, le taux de pauvreté en RD Congo serait de 6,6% en 2043 ( 11,2 millions de personnes), soit 36,9 millions de personnes de moins par rapport aux prévisions dans  le scénario de base (trajectoire actuelle).  Le scénario combiné  montre qu'une politique concertée dans tous les secteurs de développement pourrait réduire considérablement la pauvreté dans le pays.

Le graphique 22 compare la taille de l’économie sur la trajectoire actuelle avec le scénario combiné Agenda 2063 au taux de change du marché.

Le scénario  combiné Agenda 2063 a un impact considérable sur l’expansion de l’économie congolaise (PIB). Dans le scénario combiné , la taille de l’économie devrait atteindre 449,8 milliards de dollars américains, contre 259,8 milliards de dollars américains sur la base de la trajectoire actuelle en 2043, soit une augmentation de 73,1 % par rapport à la prévision de la trajectoire actuelle.

Le scénario combiné de l’Agenda 2063 montre le pouvoir transformateur d’une politique globale dans tous les secteurs de développement pour parvenir à une croissance durable en RD Congo.

Le graphique 23 présente l’évolution de la structure de l’économie, en comparant la prévision de la trajectoire actuelle avec le scénario  combiné Agenda 2063 de 2019 à 2043.

Dans le scénario combiné, le secteur manufacturier connaîtra une augmentation substantielle de sa contribution au PIB de la RD Congo par rapport aux prévisions de la trajectoire actuelle (7,5 points de pourcentage de plus en 2043). Cela se traduira par une augmentation du PIB de 53,7 milliards de dollars américains imputable uniquement au secteur manufacturier en 2043, au-dessus des prévisions de la trajectoire actuelle.

Le secteur des services contribuera à hauteur de 48,8 milliards de dollars américains au PIB par rapport à aux previsions dans le scenario de base (trajectoire actuelle) en 2043. Cependant, sa contribution en pourcentage du PIB diminue par rapport à la prévision de la trajectoire actuelle,  38 % en 2043 contre  32,8 % dans le scénario combiné dans la même année. Le secteur de l'énergie continuera à contribuer le moins en 2043. Le scénario combiné Agenda 2063 réduira la contribution du secteur énergétique au PIB de 2,6 % (4,9 milliards de dollars américains) sur la trajectoire actuelle à 2,1 % (environ 9,3 milliards de dollars américains) en 2043.

Le graphique 24 présente la taille du secteur informel en pourcentage du PIB et la taille de la main-d'œuvre dans le secteur informelle. Les données sur la contribution du secteur informel sont souvent estimées et doivent être traitées avec prudence.

Il existe plusieurs définitions de l’économie informelle, mais elle est généralement considérée comme un ensemble d’activités économiques qui ne sont pas soumises à la fiscalité ni à d’autres réglementations. Le taux d’informalité en République démocratique du Congo est l’un des plus élevés au monde. La taille du secteur informel de la RDC était estimée à 41,8 % du PIB en 2022 — le plus grand parmi les pays africains à faible revenu et le troisième en Afrique  après le Zimbabwe (54,5 %) et la Tanzanie (45,6 %).

Selon les prévisions de la trajectoire actuelle ou scénario de base , en 2043, la taille du secteur informel représenterait 33,5 % du PIB. Cependant, dans le scénario combiné 2063, la taille du secteur informel en pourcentage du PIB sera réduit à 23,4 % en 2043. Il s’agit d’une réduction de 9.5 points de pourcentage du PIB par rapport aux prévisions sur  la trajectoire actuelle.

Le graphique 25 compare l’espérance de vie dans le scenario de base et le scénario combiné de Agenda 2063.

En 1960, la femme moyenne née en République démocratique du Congo pouvait espérer vivre 42,5 ans, tandis que l'homme moyen pouvait espérer vivre 39,6 ans. L'espérance de vie totale moyenne était de 41,1 ans. Depuis lors, l'espérance de vie en RD Congo s'est améliorée de 21,3 ans pour les femmes à 63,7 ans et de 21,7 ans pour les hommes à 61,3 ans, pour un total moyen de 62,5 ans en 2022.

En 2022, l'espérance de vie en RD Congo était estimée à 62,5 ans, soit plus d'un an de moins que la moyenne des pays africains à faible revenu. Sur la base de la trajectoire actuelle, l'espérance de vie en République démocratique du Congo pourrait atteindre 68,1 ans en 2043. Cependant, dans le scénario combiné Agenda 2063, elle devrait atteindre 69,7 ans.

Le graphique 26 compare le coefficient de Gini dans le scenario de base   avec le scénario combiné Agenda  2063.

Les inégalités en République démocratique du Congo, selon l’indice du coefficient de Gini, sont légèrement supérieures à la moyenne des pays africains à faible revenu et nettement supérieures à la moyenne de l’Afrique. Les guerres civiles et l’instabilité générale ont exacerbé les inégalités en République démocratique du Congo.

En 2022, la RD Congo avait un indice de Gini de 0,42. Sur la base de la trajectoire actuelle, les inégalités en RD Congo basées sur l'indice de Gini devraient diminuer à 0,41 en 2043. En comparaison, le scénario combiné réduirait le coefficient  de Gini de la RD Congo de 17,2 % par rapport à son niveau actuel pour atteindre  0,32 en 2043.

Le graphique 27 compare les émissions de carbone dans le scenario de base(la trajectoire actuelle) avec le scénario combiné  de l’Agenda 2063.

Étant donné que le dioxyde de carbone (CO2), le monoxyde de carbone (CO) et le méthane (CH4) ont des poids moléculaires différents, le modèle  IFs utilisent du carbone. De nombreux autres sites et calculs utilisent l’équivalent CO2.

Le scénario combiné a un impact significatif sur les émissions de carbone, quoique à partir d’un niveau très faible, en raison de l’augmentation de l’activité économique qu’il entraîne. Dans ce scénario, les émissions de carbone de la RDC passeront d’environ 2 millions de tonnes en 2022 à 25 millions de tonnes en  2043. Il s’agit d’une augmentation de 950 % sur la période, contre 800 % dans le scénario de base sur la même période. En 2043, les émissions de carbone dans le scénario combiné Agenda 2063 seront d’environ 5 millions de tonnes plus que son niveau projeté sur la base de la trajectoire actuelle (scénario de base).

La concrétisation du scénario combiné Agenda 2063 stimulerait une forte croissance économique et réduirait considérablement la pauvreté en RD Congo, mais le coût en termes de dégradation environnementale est légèrement plus élevé. Pour atténuer l’impact environnemental du scénario  combiné, sa mise en œuvre devrait s’accompagner de mesures concrètes pour accélérer la transition énergétique verte.

Le graphique 28 compare la production d'énergie dans scenario de base  avec le scénario combinéAgenda 2063 en six types, à savoir le pétrole, le gaz, le charbon, l'hydroélectricité, le nucléaire et d'autres énergies renouvelables. Les données sont converties en milliards de barils d’équivalent pétrole (BBOE) pour permettre des comparaisons entre différentes sources. Notez que la production d’énergie peut être destinée à un usage domestique ou à l’exportation.

La RD Congo dépend des hydrocarbures importés pour répondre à sa demande énergétique intérieure. En 2022, la production énergétique du pays s’élevait à environ 64 millions de barils d’équivalent pétrole, créant une demande non satisfaite d’environ five million de barils d’équivalent pétrole.

Sur la trajectoire actuelle, d’ici 2043, la  production énergétique de la RDC devrait augmenter à 232 millions de barils d’équivalent pétrole et la demande non satisfaite augmentera à 137 millions de barils d’équivalent pétrole. Le scénario  combiné 2063 augmentera la production à 321 millions de barils équivalent pétrole. Sur la trajectoire actuelle , la contribution des énergies renouvelables passera à 56,8 %  contre  66,9 %  dans le scénario combiné en 2043.

RD Congo: Conclusion

Ce rapport a analysé les défis de développement actuels auxquels est confrontée la RD Congo et les stratégies visant à mettre le pays sur la voie d'une croissance inclusive et durable.

L'analyse a révélé que malgré quelques signes d’amélioration, la RDC reste confrontée à d’énormes défis de développement. Le pays n’a pas fait de progrès dans la diversification de son économie qui reste toujours  à la merci de la volatilite des prix des des matières premières sur les marchés mondiaux.

L'analyse de la trajectoire actuelle developement et les scénarios ont révélé que le manque d'industrialisation, la mauvaise gouvernance, le manque d'infrastructures, la faible productivité agricole, la diversification limitée des exportations et la faiblesse du stock et de la qualité du capital humain sont quelques-uns des principaux facteurs qui freinent les progrès de développement du pays. Il est crucial de s’attaquer à ces problèmes pour mettre le pays sur la voie d’une croissance durable et d’une prospérité partagée. Dans l’ensemble, les défis complexes du développement de la RD Congo nécessitent des actions décisives de la part du gouvernement. Le gouvernement de la RD Congo devrait se concentrer sur les politiques prioritaires décrites ci-dessous :

Productivité agricole et sécurité alimentaire

  • Stimuler la production et la productivité agricoles en investissant dans des technologies améliorant la productivité et en facilitant l’accès aux plants à haut rendement, résistants aux maladies et à la sécheresse, aux engrais et aux garanties de crédit pour les agriculteurs et en soutenant les activités de R&D visant à renforcer la résilience et la productivité agricole.
  • Protéger la production et la commercialisation agricoles des événements météorologiques en investissant dans des infrastructures résilientes au climat. Par exemple, l’énergie solaire qui facilite l’irrigation et le contrôle de la température pour le stockage des aliments pourrait être adoptée.

 Diversification économique et industrialisation

  • Promouvoir la valorisation en aval et entreprendre des réformes dans l’environnement des affaires visant à réduire les coûts et les risques des entreprises en améliorant la qualité de la réglementation des affaires. La simplification des procédures et formalités administratives permet aux entreprises, en particulier aux petites et moyennes entreprises (PME), de faire des affaires, de tester de nouvelles idées et de se développer plus facilement.
  • Encourager les citoyens à développer un état d’esprit entrepreneurial pour déplacer la main-d’œuvre du vaste secteur informel vers l’économie formelle.

Les  infrastructures

  • Remédier aux déficits d’infrastructures qui nuisent au développement du secteur privé dans le pays. Un approvisionnement fiable en électricité peut être assuré grâce à des solutions de mini-réseau en utilisant des énergies renouvelables.
  • Améliorer le réseau de transport rural avec un accès routier rural fiable et praticable tous les temps pour faciliter la commercialisation agricole.

Education

  • Investir dans le capital humain et le développement des compétences. La disponibilité d’une main-d’œuvre qualifiée à un coût raisonnable et en abondance devrait être l’un des principaux moteurs de l’attraction des IDE et de l’industrialisation de la RD Congo.
  • Les programmes d'enseignement doivent être révisés en collaboration avec le secteur privé et les industriels pour les adapter aux besoins du marché du travail.
  • Les enseignants non formés des écoles primaires et secondaires devraient être correctement formés ou retirés du système éducatif. Une attention particulière devrait être accordée aux formation techniques et professionelles afin de combler le déficit de compétences dans l’économie.

 Santé et démographie

  • Poursuivre le déploiement de contraceptifs modernes en se concentrant sur les groupes de population mal desservis, plus jeunes et plus ruraux, où les campagnes de sensibilisation et l'adoption de la contraception restent faibles.

En mettant en œuvre ces stratégies, la RD Congo pourrait  exploiter ses vastes ressources pour forger un avenir prospère pour ses citoyens. Cependant, alors que le pays continue de mettre en œuvre ces politiques , il sera crucial de maintenir une approche équilibrée qui favorise la croissance économique tout en garantissant la durabilité environnementale et une répartition équitable des richesses.

 

Graphique 29: Résume les resultats de l’analyse et les recommandations
Chart

Endnotes

  1. World Bank, Democratic Republic of Congo, Systematic Country Diagnostic, Report No. 112733-ZR, 2018.

  2. World Bank, Democratic Republic of Congo, Systematic Country Diagnostic, Report No. 112733-ZR, 2018.

  3. DP Zongwe, Decentralization in the Democratic Republic of the Congo, Autonomy Arrangements in the World, March 2019, 9, DOI: 10.13140/RG.2.2.20028.08321

  4. DR Congo, Agence nationale pour la promotion des investissements, 2020.

  5. B Akitoby and M Cinyabuguma, Sources of Growth in the Democratic Republic of the Congo: A Cointegration Approach, IMF Working Paper WP/04/114, July 2004, 5–7.



  6. G Prunier, Africa's World War: Congo, the Rwandan Genocide, and the Making of a Continental Catastrophe, Oxford: Oxford University Press, 2009.

  7. World Bank, Democratic Republic of Congo, Systematic Country Diagnostic, Report No. 112733-ZR, 2018

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Contact at AFI team is Blessing Chipanda and Kouassi Yeboua
This entry was last updated on 16 May 2024.

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Cite this research

Blessing Chipanda and Kouassi Yeboua (2024) RD Congo. Published online at futures.issafrica.org. Retrieved from https://futures.issafrica.org/special-reports/country/drc-french/ [Online Resource] Updated 16 May 2024.

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